Homo politicus vulgaritus
Comme tu as très certainement pu
l'observer, ami lecteur, je respecte à la lettre la jurisprudence
divine et ne t'ai donc pas abreuvé de ma prose pendant ce week-end.
Sache donc qu'à l'avenir, je ferai de mon mieux pour ne rien écrire
pendant sabbat et le jour du seigneur (c'est surtout que
contrairement à toi, j'ai une vie sociale hyper développée et que
j'ai toujours plein de choses à faire et de gens à voir pendant mes
rares temps libres). Ceci étant dit, lundi est arrivé et je peux
reprendre une activité normale.
De quoi vais-je donc te
parler aujourd'hui ? Du temps qu'il fait ? Non, il n'y a pas grand
chose à dire à ce sujet. Et puis il y a tellement de météorologues
du dimanche dans nos entourages, capables de disserter là-dessus
pendant des heures, que ça serait pénible. Alors non, nous
n'aborderons pas ce thème. Idem pour le football et la qualification
haut la main (ah ah ah !) de l'équipe de France. J'en parlerai plus
tard sous un angle que j'essaierai de présenter de façon plus
originale que la simple discussion de comptoir d'une bande de
pochetrons aux lèvres violacées du fait de leurs abus de
picrate à bon marché puisque conditionné en bouteille en plastique.
Mon article de ce jour sera donc
consacré à quelque chose qui m'est cher et dont j'essaye de porter
haut les couleurs dans ma vie quotidienne : la vulgarité.
Modeste illustration des richesses sémantiques de la langue de Molière...
Etant adepte du langage fleuri ou
langage imagé, je rêve du jour où tout le monde s'exprimera ainsi,
transformant le monde qui nous entoure en un gigantesque dialogue de
Michel Audiard. Mais attention, il ne faut pas confondre
"grossièreté" et "vulgarité". Je sens que ton
esprit s'embrouille, mais rassure-toi, je vais t'expliquer de ce pas
ce que j'entends par là. Il y a, à mon sens, deux acceptions
différentes de la vulgarité. Elle peut ainsi se définir de deux façons : soit pour qualifier la manière de s'exprimer de
quelqu'un, adepte de l'emploi de mots grossiers, voire de termes
orduriers dans ses conversations. C'est ce que j'assimilerai à de la
grossièreté (encore que la grossièreté bien employée, peut avoir beaucoup de classe). Ou alors, on peut qualifier de vulgaire la façon
d'être d'une personne, par son apparence, sa façon d'être et ce
indépendamment de sa façon de parler. Je me vante d'appartenir à
la première catégorie, tout en conchiant, respectueusement bien
sûr, la seconde catégorie, qui constitue, il faut bien le dire, une
belle bande de petites crevures.
Exemple type de cette
nouvelle caste, les gens qui nous dirigent représentent selon
moi le summum de la vulgarité, le nec plus ultra du foutage de
gueule institutionnalisé. Ils nous parlent de pouvoir d'achat, du
fait qu'il faut travailler plus pour gagner plus, nous traitent à
demi-mots (ou pas) de bons à rien, alors que, pour la plupart
d'entre eux, ils n'ont pas la moindre idée de ce que peut être le
travail. Ils sortent tous des grandes écoles et ont repris les
mandats de Papa ou de Tonton et sont élus de père en fils par ces
couillons d'électeurs, ce qui est on ne peut plus normal dans le
cadre d'une république bananière... Les révolutionnaires et autres penseurs du siècle
des Lumières doivent se retourner dans leurs fosses communes...
Non contents de nous faire la leçon, ces malapris instaurent
également les règles que nous sommes sensés respecter, celles-ci
étant principalement définies pour satisfaire les vélléités de
leurs copains patrons d'entreprises cotées au CAC 40, accessoirement
parrains de leurs enfants ou témoins d'un de leurs nombreux mariages
(fin de la publicité sur France TV, bouclier fiscal, etc...). Voilà
où en est rendu ce pays. Le pire dans tout cela, c'est que ces
peigne-culs, si tu me permets l'expression, sont les seuls à
pouvoir s'affranchir de ces règles qu'ils imposent aux autres. Et il
n'y a personne pour y redire quoi que ce soit.
A ce titre,
tous les partis, de droite comme de gauche, sont égaux. Je me plais
souvent à observer comment la justice, normalement indépendante en
vertu de la fameuse séparation des pouvoirs chère à Montesquieu,
traite les différentes catégories de citoyens dans le cadre des
procédures pénales. Vous verrez souvent des cambrioleurs, voleurs à
la tire, "jeunes délinquants des quartiers difficiles"
(pour se la jouer à la Jean-Pierre Pernaut) écoper de condamnations
à de la prison ferme pour de menus larcins dont les montants
s'élèvent la plupart du temps à quelques centaines, voire quelques milliers
d'euros. Par contre, les délinquants en col blanc qui se sont
enrichis en procédant à des détournements de fonds public (et on
parle là de dizaines, de centaines, voire de millions d'euros), à
de l'abus de bien social ou encore du recel d'abus de bien social
pour pouvoir attribuer des marchés publics à leurs copains ou à
leurs familles, ceux-là ne font quasiment jamais de prison ferme (et
les exemples sont légion, je ne les énumèrerais pas car je n'ai
pas envie de déprimer encore plus et parce que ça me donne envie de
vomir).
Le juge les rappelle donc à l'ordre, il leur dit "ben
dites donc, c'est pas bien ça, vous êtes un élu quand même, alors
il faut pas recommencer à faire ça", les frappe
d'inéligibilité pour un an (quel châtiment cruel...), leur met un
peu de sursis pour faire style (sursis qui ne les privera pas pour autant de leurs
droits civiques, parce que quand même, faut pas déconner non plus) et au
terme de cette année de condamnation, que l'on peut employer
utilement en allant par exemple donner quelques cours grassement
rétribués dans une université canadienne, ils reviennent et
postulent de nouveau aux ors de la République, s'étant refait une
virginité à peu de frais. C'est bon d'être pris pour un con. Je
ne sais pas pour toi, ami lecteur, mais moi j'aime ça...
Alors que ce système semble fonctionner à merveille, nos glorieux leaders envisagent de réformer la justice pour enfin supprimer les juges d'instruction, ces "empêcheurs de détourner en rond" et enfin dépénaliser le droit des affaires. C'est parfois ce qui arrive quand on choisit d'élire un ancien avocat d'affaires... Certains d'entre eux essayent même de nous imposer la candidature de leurs rejetons, pas même foutus de se trouver un boulot tous seuls, en essayant de nous faire gober qu'il s'agit de génies ou d'esprits brillants mais incompris. Sans compter les petites phrases poétiques dont cette caste nous abreuve constamment en nous envoyant leurs meilleurs éléments, à l'instar d'un Frédéric Lefèvbre des grands soirs, lequel a l'aplomb de nous dire que les rares personnes qui s'élèvent contre ces pratiques ne sont pas des démocrates et qu'au fond, toutes les saloperies qu'ils font passer dans cette salle d'enregistrement autrefois nommée Parlement, ne font que répondre à ce que veulent les Français (inconsciemment j'imagine)... Existe-t-il plus belle illustration de la vulgarité ? Franchement, je ne le pense pas et dois même t'avouer que je reste pantois d'admiration devant ce culot et toute cette énergie déployée. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il y a suffisamment de connards dans ce pays pour dire amen et pour les réélire comme un seul homme en 2012... Le général avait raison : "les Français sont des veaux".
La France, la patrie des droits de l'homme ? Des droits de l'homme politique alors.
MaC !!!