Y'en a marre !!!
J'en ai marre d'être sympa. Ça en devient même insupportable tellement je suis sympa. Je ne sais pas comment je m'y prends, mais les gens m'aiment bien. Je ne fais rien de particulier pour m'attirer les bonnes grâces des personnes que je rencontre et pourtant... C'est parce que je suis "gentil"... Je déteste ce terme, c'est tellement péjoratif. "Oh, qu'est-ce qu'il est gentil !". Mais pourquoi suis-je aussi gentil, pourquoi ??? Cette question me harcèle et m'empêche même de dormir parfois, c'est dire si ça me travaille. Et ça craint un max d'être comme ça, je ne le souhaite à personne, pas même à mon pire ennemi... En fait, là est tout le problème : je n'ai même pas de pire ennemi. Quelle tristesse. Comment peut on vivre décemment sans némésis, sans avoir un mec à détester, à haïr, à maudire, sur lequel on crache allègrement tout en espérant voir lui tomber sur la gueule les pires horreurs, les pires fléaux ? Je te le demande. Eh bien c'est mon quotidien, il est cruel mais je dois l'admettre : je n'ai pas d'ennemis. Cela ne veut pas dire pour autant que tout le monde m'adore et une chance d'ailleurs. Il reste encore quelques libres penseurs qui me font comprendre par leurs comportements ou leurs propos qu'on ne sera pas copains. Et j'adore ça ! Merci, ça fait plaisir ! Grâce à eux, je me sens vivant, j'ai même l'impression qu'à leur contact, je deviens un peu con et ça me fait du bien...
Tout
le monde ne s'en rend pas compte mais il faut être lucide : il n'y a
rien de pire que d'être le gentil garçon de service. C'est toujours
celui qui se fait niquer la gueule. "Trop
bon, trop con" et ça se vérifie. Je sais que ça fait un peu
cliché de dire ça, mais c'est tellement vrai. L'Histoire humaine
est pleine d'anecdotes au sujet de pauvres mecs, gentils, limite nigauds, qui se sont fait
couillonner par des enfoirés et on peut aisément constater qu'en fin
de compte, c'est toujours le connard qui s'en sort bien. "Le
crime ne paie plus"
dit-on. Tu parles ! Bullshit ! Les vrais salauds ne sont jamais
emmerdés dans ce bas monde. C'est toujours à eux qu'on propose les
boulots les plus intéressants et lucratifs (peut-être parce qu'ils
n'ont pas de morale), c'est eux qui roulent en voiture de sport hors
de prix et qui, bien sûr, finissent au bras des plus belles
filles... Le mec gentil, lui, c'est le bon copain, celui qui est toujours là pour consoler la jolie fille lorsque le connard l'a une fois de plus
trompée, jolie fille qui, une fois consolée, retournera bien sagement
auprès de son connard de mec en attendant sa prochaine infidélité.
Vie de merde... Rôle de con...
Mais
pourquoi ne suis-je pas une de ces ordures, un sale bâtard sans foi
ni loi, prêt à vendre père et mère contre quelques stock-options
? Serait-ce à cause de cette putain d'éducation moraliste
chrétienne qu'on m'a donné ? Certainement. Mais comment m'en
affranchir ? Dois-je vendre mon âme au diable ? Faire des sacrifices
humains ? Me faire embaucher par TF1 ? Car je suis prêt à tout
tenter, la fin justifie les moyens ! C'est donc décidé, à partir
d'aujourd'hui, je mettrai tout en oeuvre pour enfin devenir une belle
petite salope, un crevard prêt à tout pour écraser les autres, un
bon fumier de première catégorie...
Pfff... Ça
marchera jamais. Même moi, j'y crois pas... Je suis vraiment trop gentil... et trop con aussi...