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Ma main dans ta gueule
6 janvier 2010

Barathon for ever

Ah les vacances de noël...  Ce sont peut-être les moins reposantes de l'année. D'un point de vue physique s'entend. En effet, tous les ans, c'est la même chose, j'ai un programme bien chargé à cette période, ceci expliquant en partie mon absence sur ce blog depuis près de deux semaines. Je sais que je n'ai pas forcément à me justifier, mais je te dois tout de même quelques explications, ami lecteur. Sache donc qu'en sus de la célébration traditionnelle des fêtes de fin d'année, viennent se rajouter quelques événements de la plus haute importance dans la vie culturelle locale du bled dont je suis originaire, petite bourgade paisible du Sud-Manche. C'est ainsi que, chaque année depuis le début de ce millénaire, je participe à une manifestation exceptionnelle, tradition perpétuée entre noël et le Jour de l'an : le Barathon !

Qu'est-ce que le Barathon, me demanderas-tu ? Eh bien, je vais te le dire tout net : c'est une compétition sportive extraordinaire, développée il y a quelques années par une bande de jeunes désoeuvrés qui font, accessoirement, partie de mes amis (eh oui, j'ai des amis, je sais, ça peut choquer annoncé comme ça). Ce sport est très simple. Il consiste à réunir une équipe de costauds, de vieux solides, enfin bref de bons gaziers, encadrés par un bureau de type associatif, à savoir un président, un vice-président, un trésorier et un secrétaire, auxquels est adjoint un responsable de la sécurité chargé, comme son nom l'indique, de péter des gueules si le besoin s'en fait sentir (jusqu'à présent, je me dois d'indiquer que celui-ci a plus centré son action sur la prévention que sur la répression). L'objectif de cette joyeuse cohorte est alors d'écluser un maximum de godets (la plupart du temps des anisettes) dans un maximum de troquets (sachant tout de même que mon bled compte encore une bonne vingtaine de débits de boissons) pour ensuite pouvoir établir un classement des bars visités, en fonction d'un certain nombre de critères prédéfinis. Ces critères sont variés et je ne rentrerai pas dans le détail, car c'est l'affaire de spécialistes et un néophyte tel que toi s'y perdrait.

Je conçois que cette activité puisse te paraître un peu basique de prime abord, mais je te demanderai de ne pas voir ça sous l'angle de la beuverie, mais plutôt d'essayer d'appréhender toute la poésie qui réside dans cet événement, celui-ci étant, à mon sens, avant toute chose, un hymne à l'amitié, à la franche camaraderie et au dépassement de soi. En effet, il ne faut pas croire que le Barathon soit destiné au tout venant, au poivrot de base, au vieil oncle qui se soûle la gueule lors des repas de communion ou au piccolo pathologique qui assouvit son besoin d'alcool en s'envoyant une bouteille d'eau de cologne alors qu'on tentait de le sevrer. Non pas, cher lecteur, non pas ! Car comme l'a dit Michel Audiard, dans son chef d'oeuvre Un singe en Hiver, il ne faut pas confondre les Grands ducs et les boit-sans-soif. Les barathoniens sont avant tout des princes de la cuite, des seigneurs de l'éthylisme. Ils ont cent mille verres d'avance sur le reste de l'Humanité. Ils tutoient les anges. Bref, tu l'auras compris, n'est pas barathonien qui veut !

un_singe_en_hiver_1962_02_g1

Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire.

D'ailleurs, si l'exercice se résumait à se pitancher comme un con, je préfèrerais autant rester chez moi... Mais non, mon ami, le Barathon est bien au dessus de tout ça. Il crée du lien social, c'est peut-être la dernière manifestation concrète de la magie de noël pour quiconque ne croit plus au Père noël et surtout, c'est une merveilleuse occasion pour ses glorieux membres, compétiteurs de l'extrême, de se retrouver tous ensemble au moins une fois par an, ce qui, en soi, n'est déjà pas si mal. Mais je t'entends te demander : oui, c'est bien beau tout ça, vous vous retrouvez, OK, vous êtes contents, mais à part ça, à quoi est-ce que ça sert au final ? A priori, si tu cherches une réponse cartésienne à cette question tu vas l'avoir : ça ne sert à rien. Comme l'art. Ou comme l'amour. En soi, ça ne sert à rien. Mais, vois-tu, c'est grâce à des mecs comme les barathoniens que l'être humain s'est distingué du genre animal, qu'il s'est mis à tailler des pierres pour en faire des outils, qu'il a inventé la roue, l'écriture ou encore la machine à vapeur. Excuse du peu...

Et permets moi de te présenter tous mes voeux de mort aux cons pour cette nouvelle année !


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Commentaires
G
Si vieillesse pouvait...
_
mon meilleur barathon (bien sûr on n'appelait pas ça comme ça mais c'était bien des barathons)c'était à san sebastien au pays basque.<br /> on s'était endormi à 7h00 du mat sur des bancs publics. démontés à l'alcool de 43...
G
Ah faut reconnaître que c'est un sport d'homme ! Oui, je me suis fait plaisir pour le petit article sur Wiki !
P
Moi aussi moi aussi ! J'aimerai en faire un, un jour... Mais bon je ne suis pas au niveau. Bravo pour le petit référencement sur Wiki ;)
Ma main dans ta gueule
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